Rubrique: Faut pas être pressé…
A cette occasion, je ne résiste pas au
plaisir de vous faire partager, si vous ne l’avez déjà lue, l’histoire des deux
premiers chiropracteurs français, Gaston-Lucien
Gross et Edward-Henry Schwing, installés
tous les deux en France en…1920 !
Non, vraiment, « faut pas être pressé », « patience est mère de toutes les vertus », « tout vient à
point à qui sait attendre », etc,
etc.
« En France, et d’après toutes les
sources disponibles consultées par l’auteur, c’est Edward-Henry Schwing D.C. qui inaugure, en 1920, l’exercice de la chiropratique
dans notre pays. Et apparemment, avec seulement quelques mois d’avance sur son
« challenger » immédiat, Gaston-Lucien
Gross D.C.
Strasbourgeois d’origine, la mère et les
oncles d’Edward-Henry ont émigré en Amérique, où il est né, au lendemain de la
Guerre de 1870, afin «d’échapper à la domination allemande ». Tout d’abord, il
entreprend des études de médecine, mais en 1917 il s’engage volontairement dans
l’US Army et se retrouve aussitôt mobilisé dans le service médical, en France, à Vichy.
Peu
de temps après, il contracte la grippe espagnole, qui loin de s’arranger, se
transforme rapidement en pleurésie et finalement, en tuberculose des deux
poumons…On le rapatrie en Amérique dans un état désespéré, et devant l’échec
des traitements classiques, les médecins militaires ne lui laissent que peu
d’espoir (refrain connu…) Devant l’insistance de son père, il consulte, en
dernier recours et sans grande conviction, un chiropraticien (dont l’histoire
ne nous a malheureusement pas laissé le nom) qui en quelques semaines
d’«ajustements »bien sentis, le guérit…totalement.
Il raconte dans une conférence donnée le
12 mars 1935 :
« Guéri
et convaincu de la grande valeur de cette nouvelle méthode, j’abandonnai
l’ancienne école de laquelle j’étais l’élève, pour poursuivre et achever mes
études dans la nouvelle et, une fois mon Doctorat obtenu, je voulus revenir en
France pour y apporter un peu de cette lumière nouvelle, et essayer de secourir
cette multitude d’incurables, de désespérés, de gens à qui l’on a dit : « Votre
mal est de ceux auxquels il n’y a rien à faire ».
En 1920, diplôme de la Palmer School en
poche, il s’installe aussitôt à Paris, où personne n’a jamais entendu parler de
la chiropratique, et immédiatement, voit son existence partagée entre le succès
professionnel, phénoménal, et les
persécutions judiciaires et médicales qui inévitablement (et jusqu’à une date
encore très récente, pour tous les chiropraticiens français qui suivront son
exemple…) l’accompagnent.
En mai 1925, pendant toute une semaine,
il sert de guide touristique parisien à B.J.
et Mabel Palmer qui ont entrepris un véritable tour du monde pendant deux
ans (et que B.J. relatera dans un ouvrage dense, exhaustif, plein d’humour,
très critique : « ‘Round the World with
BJ » et dont les récits imagés alimenteront les émissions de sa
station de radio, W.O.C). Restaurants huppés, monuments, musées, cabarets,
courses à Longchamp ( !), concert à l’Opéra, Versailles, même le « Cercle Russe
», tout y passe ! B.J. se montrera finalement très reconnaissant envers Schwing
et son épouse (épuisés), mais assez mitigé quant à la Vie Parisienne en général
(Il gardera entre autre un souvenir franchement désapprobateur, et même choqué,
du spectacle « osé » des Folies-Bergères…)
En 1937, Edward-Henry Schwing est élu
Président de la Fédération Internationale des Sociétés pro-Chiropractic, et en
1947, publie « La chute d’Esculape », un ouvrage novateur, bien écrit, très
critique envers le milieu médical et dont les arguments s’appuient sur une
logique et un bon sens difficilement réfutables. On y lit entre autre, ce
passage prémonitoire (page 213) :
« La
France étant le centre scientifique de l’Europe, il est naturel que la première
école de Chiropractic soit fondée en France et surtout à Paris.
Il est prévu que cette l’école pourra chaque année recevoir plusieurs
milliers d’étudiants qui, au bout de quatre années, sortiront
munis de leur diplôme de Docteur en Chiropractic. Ce diplôme sera le témoignage
de leur capacité et de leur valeur
scientifique. Rien ne sera négligé pour les aider à atteindre les sommets du
haut desquels les hommes de valeur affrontent les problèmes les plus divers. »
Néanmoins, et grâce à la persistance et l’obstination de
quelques personnalités chiropratiques courageuses, la France devra encore
attendre 36 années pour avoir sa propre école de chiropratique, l’Institut
Français de Chiropratique, aujourd’hui l’Institut
Franco-Européen de Chiropratique
Gaston-Lucien Gross D.C. est le « challenger » immédiat de Schwing dans le concours du plus
ancien chiropraticien français.
Alsacien lui aussi, et lui aussi guéri
d’une affection invalidante par un chiropraticien, il obtient son diplôme du
New York College of Chiropractic en 1919 et celui de la Palmer School en 1921.
Très volubile, hyperactif, passionné par sa profession durant toute sa très
longue vie, il va rapidement s’attirer les foudres de la justice et détenir
pendant longtemps le record français des condamnations pour exercice illégal de
la médecine : une quinzaine de 1920 à 1950 ! Dans la préface de son livre
réédité en 1962 « La Chiropractic, clé de
la santé », Louis Gastin écrit :
« De deux choses l’une :
Ou la doctrine de la chiropratique est fausse et les médecins ont raison de
dénier aux chiropractors la faculté d’éliminer les maladies en supprimant leur
cause. Il ne restera alors plus qu’à expliquer comment et pourquoi de très
nombreux malades voient leur santé se rétablir après intervention du
chiropractor, alors qu’aucun traitement « médical » ne les avait, jusque-là, délivrer
de leur maux.
Ou bien la chiropratique est une réalité scientifique, comme tendent à le
prouver une expérience de 66 années et les résultats obtenus, dans tous les
pays, par plus de 30000 praticiens spécialisés. Alors les médecins n’ont pas le
droit, si ils ne veulent pas apprendre cette science nouvelle pour en faire
bénéficier leurs malades, d’interdire sa pratique aux chiropraticiens, sous
prétexte que ceux-ci ne sont pas médecins. »
Grand amateur d’aphorismes « positifs »
et « motivants », son préféré, inusable, est :
« La
Chiropratique donne des années à la Vie et de la Vie aux années. »
Il en sera la parfaite illustration
puisqu’à l’âge de 93 ans, il exercera toujours ! »
Définition de la chiropratique par
Gaston-Lucien Gross, 1962.
« Ainsi, la Chiropratique enseigne
que la santé dépend directement du bon
fonctionnement du système nerveux.
Ce
bon fonctionnement est lié à la libre circulation de l’influx nerveux (force vitale) à travers cette « colonne
montante » qu’est la moelle épinière, et à partir du cerveau où cet influx
est engendré.
La
moindre subluxation vertébrale gêne
la libre circulation du courant, soit en comprimant la colonne montante
elle-même, soit en coinçant un nerf rachidien par rétrécissement du trou de
conjugaison.
Pour
supprimer le « mal-aise »(maladie) de quelque nature qu’il soit, qui
en résulte dans l’organisme, il est indispensable et il suffit d’en réparer la
cause unique, c’est à dire de réduire la subluxation vertébrale.
C’est
ce que fait le chiropraticien par un acte manuel dénommé « ajustement ». Un ajustement ne
peut être effectué qu’avec la main, à l’exclusion de tout autre
instrument. »
Bonjour, Je vous écris en direct de l'Université du Québec à Trois-Rivières, où j'y enseigne depuis 1993 dans le programme de doctorat en chiropratique. Je viens de débuter la lecture de votre livre "La chiropratique: Histoire d'un combat." Toutes mes félicitations.
RépondreSupprimerVotre ouvrage "grand public" vient s'ajouter à ceux d'autres auteurs, dont Dr Pierre-Louis Gaucher-Peslherbe,Dc, PhD, "La Chiropractique, contribution à l'histoire d'une discipline marginalisée." et au Dr Walter Wardwell, PhD, "Chiropractic; History and evolution of a new profession." Je vous invite aussi à consulter le livre "L'approche chiropratique; Tout simplement santé" publié en 2005 aux Éditions Nouvelles, Montréal, Québec. Bien cordialement, Dr André-Marie Gonthier, DC, FICC.